« Des monnaies locales au service des territoires » le Monde 4/05/23

Les 14 monnaies locales d'OCCITANIE = MONED'OC

Des monnaies locales au service des territoires

Lancés pour doper les échanges en circuit court, ces moyens de paiement peuvent aussi financer des projets régionaux par l’intermédiaire des euros échangés.

Par Agnès Lambert

Publié le 04 mai 2023 à 06h00, modifié le 04 mai 2023 à 14h30

L’eusko, le trèfle, la graine et le stück : ces monnaies locales servent à régler ses achats chez les commerçants, respectivement au Pays basque, dans le Périgord, dans l’Hérault et dans le Bas-Rhin. Anecdotique ? Pas tant que ça.

Selon les derniers chiffres du Mouvement Sol, une fédération de monnaies locales citoyennes, il existait 82 monnaies locales en France en 2021, représentant l’équivalent d’environ 5 millions d’euros en circulation. Désormais utilisées par quelque 40 000 particuliers, contre un peu moins de 35 000 en 2019, elles se présentent sous la forme de billets, et sont pour certaines aussi numériques.

Les monnaies locales sont inscrites dans le code monétaire et financier depuis la loi relative à l’économie sociale et solidaire de juillet 2014. Pourquoi se compliquer la vie en les utilisant, quand on a des euros ? « Cela permet de contribuer au commerce de proximité puisque les monnaies locales ne peuvent être dépensées que sur un territoire donné », résume Mickaël Medina, coordinateur du Mouvement Sol.

Il s’agit de créer un cercle vertueux : les entreprises ayant été réglées en monnaie locale l’utilisent ensuite pour payer leurs fournisseurs dans la région.

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Concrètement, le citoyen doit adhérer à l’association gérant la monnaie, ce qui coûte en général entre 10 et 20 euros par an. Il peut ensuite échanger des euros contre la monnaie locale, à raison de 1 pour 1, et les dépenser chez les commerçants affiliés. « Chaque association fixe ses règles pour définir les partenaires éligibles. Il faut notamment que le centre de décision de l’entreprise soit situé dans la région », ajoute M. Medina.

A dépenser obligatoirement

Les monnaies locales ont vocation à circuler. Donc contrairement aux entreprises, les particuliers ne peuvent pas les échanger de nouveau contre des euros. Ils ne peuvent que les dépenser.

Au-delà de leur valeur d’échange, certaines monnaies locales ont un autre atout. Depuis 2018, les réseaux qui les fédèrent peuvent placer leurs fonds (les euros échangés contre la monnaie locale, qui servent de garantie) auprès de La Nef, une banque coopérative, et soutenir ainsi des projets de proximité. Vingt-huit monnaies participent actuellement à ces opérations. « Nous nous engageons à financer des structures écologiques, sociales et/ou culturelles, qui sont souvent adhérentes de la monnaie locale, par des prêts à hauteur de deux fois le montant de leurs encours », précise Léo Miranda, directeur marketing de La Nef.

Autrement dit, 10 000 euros placés à La Nef par une monnaie locale engendrent 20 000 euros de prêts sur son territoire. Les commerçants fidélisent leur clientèle en acceptant la monnaie locale, tout en s’ouvrant la possibilité d’un financement bancaire par La Nef.

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Parmi les monnaies, l’abeille (Lot-et-Garonne), la cigogne (Alsace) et l’ostréa (bassin d’Arcachon) prennent part à ce système. C’est aussi le cas de la gonette, créée dans la région lyonnaise en 2015 et disponible en six coupures (1, 2, 5, 10, 20 et 49 gonettes), ou en version numérique par le biais d’une application. Elle est acceptée par 416 commerces, associations et entreprises de la région.

« La Nef a octroyé 3 millions d’euros de prêts à dix-sept structures adhérentes de la gonette depuis la mise en place du partenariat, en 2021 », précise M. Miranda, citant des boulangeries, des magasins d’alimentation biologique et une jardinerie.

Agnès Lambert