Résultats d’un an et demi d’enquête. Extraits d’une enquête menée par le MVT SOL
10 ans après l’émergence de la première monnaie locale complémentaire en France, il en existe aujourd’hui 82. Elles rassemblent 10 000 entreprises et associations, et 35 000 citoyens. A Montpellier et dans l’Hérault, la GRAINE, qui existe depuis fin 2018 est dans la moyenne avec 42 000 Graines en circulation. Elle regroupe dans son réseau 600 utilisateurs particuliers, 145 professionnels.
Alors que les acteurs du développement territorial cherchent à apporter des réponses concrètes aux nouveaux enjeux, les monnaies locales complémentaires (MLC) contribuent de diverses manières à la construction de territoires plus dynamiques, solidaires et résilients. Pour mesurer l’impact de ces nouvelles monnaies, le Mouvement SOL, qui fédère une quarantaine de monnaies locales, a piloté d’octobre 2019 à mars 2021 une large étude sur leur utilité sociale, à laquelle de nombreux utilisateurs de la Graine ont répondu. On y voit des résultats, à échelle globale mais également locale, qui permettent de faire la lumière sur l’action vertueuse de ces monnaies pour leur territoire.
Un élan pour la transition écologique
Les monnaies locales développent les circuits courts, réduisant ainsi les émissions de gaz à effets de serre liés aux transports. Au niveau global, les utilisateurs des MLC sont 69 % à se rendre moins qu’avant dans les grandes surfaces, et plus de la moitié (51%) déclarent avoir diminué leurs achats en ligne. Ce changement se fait au profit des commerces de proximité, puisque 69% des utilisateurs disent aller prioritairement chez les petits commerçants acceptant les monnaies locales. Les monnaies locales soutiennent donc clairement le commerce de proximité, ce qui est particulièrement important dans la période actuelle.
Les professionnels du réseau ont également leur rôle à jouer en termes de transition écologique, et on remarque un effet d’entrainement des monnaies locales : 84% des professionnels répondant à l’enquête disent avoir, depuis leur adhésion à la monnaie locale, adapté leurs méthodes de travail pour réduire leur impact environnemental, par exemple en se tournant vers un fournisseur d’énergie verte. Cela va dans le sens des chartes mises en place par les monnaies locales, comme à l’Eusko, où sont exclues les pratiques socialement ou écologiquement non responsables (grande distribution ou agriculture industrielle) ; la priorité étant donnée aux productions locales et à l’agriculture paysanne, pour un développement respectueux de l’homme et de l’environnement.
Enfin, les euros convertis en monnaie locale sont placés dans des fonds de réserve au sein de banques éthiques, permettant l’émergence d’un « double circuit vertueux de la monnaie ». En effet, un euro converti compte double, puisqu’il permet la mise circulation d’une unité de monnaie locale sur le territoire, et va également abonder un fonds de réserve, entrant dans une circulation financière éthique. Principalement déposés au sein du Crédit Coopératif et de la Nef, ces fonds de réserve alimentent de nouveaux circuits d’investissement responsable servant à financer des projets à haute plus-value sociale ou environnementale.
Un réseau solidaire, créateur de lien social
Au sein des réseaux de MLC émerge généralement un sentiment d’appartenance à une communauté et des valeurs partagées, ce qui se traduit par le développement de nouvelles relations. De plus, les liens entre particuliers et professionnels sont en permanence renforcés par l’usage de la monnaie locale : les deux tiers des particuliers affirment avoir plus tendance à discuter avec les professionnels qui acceptent la monnaie locale qu’avec les autres. Une solidarité et un lien social qui s’expriment aussi entre professionnels du réseau : 80% d’entre eux ont déjà recommandé un confrère qui accepte la monnaie locale, et près d’un tiers disent le faire souvent.
Enfin, les MLC sont elles aussi des associations créatrices de lien social, à travers les différents événements et sensibilisations qu’elles proposent. Au niveau du territoire français, ce ne sont pas moins de 40 000 personnes qui sont ainsi sensibilisées chaque année.