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Portraits de Pro – La Ferme du Lamalou –

 

Bienvenue sur notre rubrique « Portraits de Pros » !

Dans cette série d’articles, nous mettons en avant les professionnel·le·s du réseau de la Graine. Chaque article vous présentera le(s) professionnel·le·s, la structure ainsi qu’une idée du parcours, des valeurs, des activités/services et des projets en cours.

Les professionnel·le·s présenté·e·s font partie du réseau de la Graine, ce qui signifie qu’iels partagent les valeurs et les engagements définis dans la charte et qu’iels acceptent le paiement en Graine !

Chaque article est co-élaboré entre le ou la professionnel·le et l’équipe de la Graine. Les questions sont de nous, les réponses leur appartiennent ainsi que les photographies !

Si vous êtes un·e des professionnel·le·s du réseau de la Graine et que vous souhaitez être mis·e en avant dans notre rubrique « Portraits de Pros » , rien de plus simple ! Il vous suffit de remplir ce formulaire et le portrait est lancé !

Aujourd’hui, nous rendons visite à Silvia et Stéphane dans leur Ferme du Lamalou.  La Ferme du Lamalou est située au Mas-De-Londres. Voici donc le Portrait de Pro de Stéphane qui vous fera découvrir son parcours et sa passion pour la nature et l’agroécologie. 
Cet article est rédigé à partir de l’interview réalisée lors de notre visite sur les lieux de la ferme. Vous avez aussi accès au podcast de la rencontre dans lequel vous découvrirez plus de détails de ces échanges.
Alors bonne lecture et bonne écoute !

La Ferme du Lamalou

c'est juste magique !

Peux-tu te décrire ?

Je m’appelle Stéphane, j’ai passé mes vingt premières années en Normandie, toujours en milieu rural, entouré de nature. J’ai aujourd’hui 28 ans d’expérience en tant que paysan. Mon parcours a débuté en 1997, lorsque je me suis installé dans une première ferme avec Pierre Rabhi, pionnier de l’agroécologie en Europe. C’était une ferme pédagogique, où j’ai appris à conjuguer activité agricole et transmission. En 2001, j’ai acheté trois hectares à la ferme du Lamalou, un terrain à défricher, et j’y ai construit ma vie familiale : j’ai élevé sept enfants avec ma compagne. Ma philosophie, c’est la passion de nourrir les autres. Je considère que c’est l’un des plus beaux métiers du monde, car il relie l’humain à la terre et à la communauté.

Peux-tu nous décrire votre activité ?

La Ferme du Lamalou est située le long de la rivière du même nom, entre le Rouet et le ravin des Arcs, à 25 minutes de Montpellier. C’est une zone surnommée « la petite Sibérie » par la Chambre d’Agriculture, en raison de son microclimat : il y fait 7 à 9 degrés de moins qu’à Saint-Mathieu-de-Tréviers. Le terrain est inondable, entouré de deux rivières qui forment un petit delta, et la végétation y est composée de feuillus, principalement de chênes blancs et verts, plutôt que des pins d’Alep.

J’ai vécu 15 ans en caravane et losque Silvia est arrivée en 2006, avec ses trois enfants, avec une yourte et une nouvelle dose de folie créatrice ! nous avons décidé de se lancer dans la construction d’une maison bioclimatique en forme d’hexagone, avec une ossature bois, des bottes de paille et de la terre locale. Il nous a fallu 8 ans pour la bâtir. Aujourd’hui, la ferme est autonome en énergie (panneaux solaires et batteries), en eau (forage) et en grande partie en alimentation.

Nous produisons 120 plantes différentes par saison : légumes maraîchers, aromatiques, fleurs, plantes d’ornement. L’activité se partage entre la vente de paniers AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) et la production de semences paysannes.

L’AMAP, que j’ai cofondée en 2004, fut la première de l’Hérault. Les adhérents achètent la récolte à l’avance pour un an, à prix fixe, ce qui me donne une visibilité et une trésorerie d’avance, essentielle pour une agriculture familiale et résiliente. Nous distribuons les paniers tous les vendredis aux Arceaux, à Montpellier.

En parallèle, Silvia a développé la traction animale avec les ânes ainsi que la production des semences durables et à pollinisation ouverte pour KOKOPELLI, une association qui conserve et distribue environs 2000 variétés de légumes et plantes medicinales au nom de la souveraineté alimentaire des peuples de la Terre. Nous produisons ces semences pour Kokopelli afin de court-circuiter les hybrides commerciaux et permettre l’autonomie des paysans et jardiniers. Les graines sont adaptées au sol et au climat locaux, ce qui les rend plus performantes.

Découvrez le podcast de la rencontre avec stephane

Pourquoi avoir rejoint le réseau de la Graine ?

J’ai rejoint le réseau de la Graine pour des raisons à la fois symboliques et pratiques. Le nom « la graine » résonne avec mon métier : semer, diffuser, échanger, faire croître. C’est aussi une démarche d’autonomie, qui permet de s’affranchir des carcans bancaires et du contrôle permanent des systèmes financiers classiques. J’aime l’idée que l’on puisse me payer avec des graines, au sens propre comme au figuré. Cela s’inscrit dans ma philosophie de vie : construire des alternatives, court-circuiter les banques, et favoriser les échanges locaux et humains. La Graine, c’est aussi un réseau de personnes qui partagent des valeurs d’écologie, de solidarité et de résilience.

AS-tu des projets à mettre en valeur en ce moment?

Oui, plusieurs ! À court terme, nous souhaitons construire un four à pain en terre crue, pour faire du pain et des pizzas maison, mais aussi pour créer du lien social lors de soirées entre amis ou voisins. Nous prévoyons aussi d’installer une troisième serre de production, indispensable pour améliorer les rotations maraîchères et réduire les maladies et ravageurs. Deux serres ne suffisent plus pour maintenir une agriculture biologique performante.

Après 30 ans de travail, j’aspire aussi à prendre le temps de contempler et de profiter de ce que j’ai construit : la beauté du lieu, la biodiversité, les levers de lune sur le Pic Saint-Loup, les oiseaux migrateurs. Il est important de savoir s’arrêter, regarder, et apprécier ce que la nature et le travail collectif nous offrent.

as-tu un message à faire passer à ceux qui nous lisent ?

Oui, un message d’urgence et d’espoir. Je suis parfois désespéré par l’évolution de l’humanité, par l’individualisme destructeur qui met la planète en danger. L’engouement pour les circuits courts pendant le Covid a été de courte durée, et beaucoup sont revenus à leurs anciennes habitudes. Mais il n’est pas trop tard : si on veut que les choses changent, c’est maintenant. On a atteint un niveau de destruction critique, on ne peut plus faire semblant d’ignorer ce qui se passe.

Je lance un appel à consommer local, à privilégier les produits cultivés à moins de 20 ou 30 km de chez soi. C’est aberrant de trouver des agrumes d’Afrique du Sud ou du Pérou dans nos supermarchés alors que l’Espagne et l’Italie en produisent. Il vaut mieux attendre un mois que de faire venir des produits de l’autre bout du monde. Il faut aussi éduquer nos enfants dans cette philosophie, pour construire un avenir différent, plus respectueux de la nature et des humains.

Peux-tu nous décrire la ferme ?

La Ferme du Lamalou est située le long de la rivière du Lamalou, entre le Rouet et le ravin des Arcs, à environ 25 minutes de Montpellier, dans une zone appelée « la petite Sibérie » par la Chambre d’Agriculture. Le terrain est entouré de deux rivières qui forment un petit delta, ce qui crée un microclimat particulier, souvent plus froid que dans les villages voisins comme Saint-Mathieu-de-Tréviers. Ici, la végétation est composée principalement de chênes blancs et verts, et non de pins d’Alep comme dans la garrigue méditerranéenne classique.

Sur place, on entend le bruit de la rivière du Lamalou, surtout lors des périodes d’inondation, et le chant des oiseaux qui profitent de la biodiversité du site. Le terrain est inondable, ce qui influence l’ambiance sonore, notamment lors des crues où l’eau circule autour de la maison et des cultures. La maison bioclimatique, construite en ossature bois (Douglas des Cévennes), bottes de paille et terre locale, isole bien des bruits extérieurs. Dans les serres, on perçoit le froissement des feuilles et parfois le bruit de l’eau issue du forage. Le site est marqué par la présence de feuillus, ce qui donne des sons différents selon les saisons : en hiver, le vent dans les arbres nus, au printemps, le retour d’une végétation très verte et dense. L’ensemble du lieu est calme, avec en fond sonore la nature, la rivière, et parfois les activités agricoles liées à la production maraîchère et à la récolte de semences.

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