PORTRAITS DE PRO KESAKO ?
Bienvenue sur notre rubrique « Portraits de Pros » !
Dans cette série d’articles, nous mettons en avant les professionnel·le·s du réseau de la Graine. Chaque article vous présentera le(s) professionnel·le·s, la structure ainsi qu’une idée du parcours, des valeurs, des activités/services et des projets en cours.
Les professionnel·le·s présenté·e·s font partie du réseau de la Graine, ce qui signifie qu’iels partagent les valeurs et les engagements définis dans la charte et qu’iels acceptent le paiement en Graine !
Chaque article est co-élaboré entre le ou la professionnel·le et l’équipe de la Graine. Les questions sont de nous, les réponses leur appartiennent ainsi que les photographies !
Si vous êtes un·e des professionnel·le·s du réseau de la Graine et que vous souhaitez être mis·e en avant dans notre rubrique « Portraits de Pros » , rien de plus simple ! Il vous suffit de remplir ce formulaire et le portrait est lancé !
Aujourd’hui, nous rendons visite à Nathalie dans sa boutique « Naïa Nature ». Naïa Nature est située 1 Rue du 11 Novembre 1918, à Sète.
Voici donc le Portrait de Pro de Nathalie qui vous fera connaître son parcours, l’organisation de son lieu et ses projets du moments et de demain. Avec cet article vous avez accès au podcast de la rencontre. Bonne lecture et écoute.
NAÏA NATURE 🌿 Boutique éco-friendly Sétoise


Peux-tu te décrire ?
Je m’appelle Nathalie Ribereau, je suis née à Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées. J’ai 43 ans. J’ai fait un BTS en alternance à Toulouse, puis je suis partie vivre deux ans et demi à Lisbonne, au Portugal, pour découvrir le pays de mes origines et mieux m’approprier la langue. Ensuite, je suis revenue en France, à Oyonnax, où j’ai travaillé dans une enseigne nationale de chaussures. J’y suis restée presque 11 ans, j’ai vu l’évolution du marché, notamment le passage de la production européenne à la production chinoise. J’ai toujours été sensible à la façon de produire, à la qualité des produits et à notre impact en tant que consommateurs. J’ai compris très tôt que consommer, c’était voter, que notre carte bleue avait du pouvoir. Après dix ans, j’ai voulu faire coïncider mes valeurs avec mon travail, ce qui est un luxe. J’ai donc créé le projet Naïa Nature.





Peux-tu nous décrire ton activité ?
J’ai ouvert Naïa Nature en mai 2019, après un an de réflexion. Je me suis naturellement tournée vers la chaussure, car c’est ce que je connaissais le mieux, et le Portugal, mon pays d’origine, est un grand fabricant de chaussures. J’ai découvert des alternatives intéressantes, notamment des marques vegan qui produisent des cuirs végétaux, de cactus, ananas,etc. J’ai construit mon projet autour de ces marques, en privilégiant l’éthique de fabrication et l’impact environnemental réduit.
J’ai aussi voulu ouvrir la boutique à d’autres façons de consommer, en accueillant du recyclage, en mettant en avant des produits cosmétiques locaux, et en valorisant l’artisanat local.
L’idée, c’est que tout le monde puisse en vivre, pas seulement fonctionner sur le bénévolat. Le projet, c’est donc de proposer une alternative éthique, locale, et de créer du lien.
Découvrez le podcast de la rencontre avec Nathalie
Pourquoi avoir rejoint le réseau de la Graine ?
C’est une histoire sympa. À Sète, je voulais ouvrir une boutique différente, qui crée du lien social. Stéphane, de l’association Sète en transition, est venu me voir. Un jour d’orage, il s’est réfugié dans la boutique et on a discuté de la création d’une monnaie locale. Il m’a parlé de La Graine, qui avait mis six ans à créer sa monnaie. On a décidé de raccrocher Sète à La Graine, et on a organisé des réunions pour lancer un comptoir d’adhésion à Sète. Pour moi, la monnaie locale a tout son sens dans ma boutique, car c’est un outil pour développer l’économie locale et fédérer autour de valeurs communes. C’est cohérent avec ma démarche.
Tu es comptoir de change. Dans le réseau national, certains aimeraient appeler ça « comptoir d’échanges » pour insister sur le lien. Qu’en penses-tu ?
Oui, je trouve que c’est vraiment de l’échange plus que du change. Quand j’ai ouvert le comptoir en 2020, il y avait beaucoup de curiosité. Le Covid a ralenti l’élan, mais il y a eu de la solidarité et des initiatives pour aider les commerces.
Donc oui, c’est beaucoup d’échanges pour arriver au change.
AS-tu des projets à mettre en valeur en ce moment?
Au départ, j’avais des ambitions lointaines, mais aujourd’hui, je me concentre sur le quotidien : discuter, échanger, sensibiliser. Le projet, c’est déjà de continuer à exister, car vivre en cohérence avec ses convictions est difficile, les marges sont faibles, l’industrie française souffre.
Le modèle économique n’est pas encore totalement trouvé. Je participe à des initiatives comme le label « remarquable » pour booster les projets alternatifs.
Mon combat, c’est de garder la boutique ouverte, même si c’est un sacrifice. Le projet reste modeste, car on part de très loin, mais la notoriété grandit, même au-delà de Sète.
On parle de la filière vegan, penses-tu qu’il y a un avenir pour ces matériaux alternatifs ?
Oui, je pense que c’est l’avenir, surtout pour les matériaux. Les industriels commencent à produire à plus grande échelle, ce qui fait baisser les prix. En cinq ans, j’ai vu une amélioration de la qualité et une baisse des coûts. Ce sont souvent des matériaux issus de déchets, comme l’ananas ou la pomme, l’orange,le cactus,etc.. donc l’impact est réduit.
Il y a aussi des fabricants qui utilisent 100% d’énergie verte. Je suis convaincue que c’est l’avenir.
as-tu un message à faire passer à ceux qui nous lisent ?
Oui, il ne faut pas juger les gens qui n’achètent pas bio ou éco-conçu, ou qui achètent chez Shein ou Temu. Il ne faut pas être dans le sectarisme ou donner des leçons. Chacun fait comme il peut avec ce qu’il a. Le problème est plus global, lié au système, au manque d’information, à la pédagogie. Il faut donner l’exemple par son attitude, faire ce qui nous paraît juste, et ne pas juger les autres, car on ne connaît pas leur vie. Peut-être qu’on n’aurait pas fait mieux à leur place.



