La Recyclerie qui Réinvente la Seconde Main à Montpellier
À Montpellier, Troc Mode Kids n’est pas une simple boutique de seconde main. C’est une aventure humaine, un laboratoire d’idées, un lieu où chaque vêtement raconte une histoire et où chaque bénévole, chaque parent, chaque enfant devient acteur d’un changement profond.
Plongée dans les coulisses d’une recyclerie qui réinvente la mode, la solidarité et le réemploi.
Au cœur de la boutique : des visages, des gestes, des histoires
Derrière la vitrine de la recyclerie, à deux pas du tram Beaux Arts, l’ambiance est chaleureuse. Marie-Aude, la fondatrice, accueille chaque visiteur avec un sourire et une énergie communicative.
« Ici, on ne fait pas que vendre des vêtements, on crée du lien », lance-t-elle en guidant une maman vers le coin femme, tout juste aménagé pour répondre à la demande croissante.
Dans l’arrière-boutique, Gisèle s’affaire devant sa planche à repasser.
“Elle veut que chaque vêtement soit impeccable, qu’il donne envie d’être porté à nouveau », confie Bernadette. Cathy, Bernadette et Martine, elles, trient et font les étiquettes prix. Charline Bernadette et Jeannine réparent, cousent un bouton, changent une fermeture éclair.
« Rien ne se perd, tout se transforme. Même les tissus abîmés deviennent des accessoires uniques comme des essuie-lunettes ou des sacs offerts aux clients. »
La magie du collectif : bénévoles et clients, une même famille
Ce qui frappe chez Troc Mode Kids, c’est la diversité des profils et la complémentarité des talents.
« On a des retraitées expertes en couture, des jeunes mamans qui gèrent la mise en ligne, des étudiants qui donnent un coup de main le week-end », raconte Marie-Aude.
Chacun trouve sa place, apprend, transmet.
« J’ai appris à réparer des «smocks» grâce à Jeanine, et maintenant je peux transmettre aux nouvelles », sourit une bénévole.
Les clients, eux aussi, deviennent acteurs du projet.
« On demande une adhésion annuelle, ça implique. Les gens préparent mieux leurs dons, ils comprennent qu’il faut aussi acheter pour que le cycle fonctionne », explique Marie-Aude.
Certains parents viennent d’abord pour déposer des vêtements, puis découvrent le plaisir de dénicher, d’essayer, de repartir avec une pièce unique.
« Je ne pensais pas acheter d’occasion, mais ici tout est propre, bien présenté, et on se sent accompagné », témoigne une jeune cliente.
Une boutique pensée pour la vie réelle
Chez Troc Mode Kids, tout est pensé pour faciliter la vie des familles.
« Les ados râlaient de devoir passer devant les rayons bébé, alors on a mis leur rayon à l’entrée. Les petits ont une table à dessin pour patienter pendant que les parents cherchent », détaille Marie-Aude.
L’expérience client est au cœur du projet : conseils personnalisés, possibilité d’échanger un vêtement qui ne convient pas, accueil bienveillant.
Et pour les plus pressés, la boutique en ligne est un atout majeur.
« On photographie chaque article recto-verso, on met tout en ligne. Les parents peuvent repérer ce qu’ils veulent et venir le chercher en magasin. C’est moderne, pratique, et ça rassure », explique l’équipe, qui gère elles-mêmes le site.
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L’économie circulaire, version humaine
Le slogan du Collectif Ethique sur l’étiquette « Fashion mais pas con » s’affiche fièrement dans la boutique. Au-delà de la logistique, c’est une véritable philosophie qui anime l’équipe. « On veut montrer que la seconde main, ce n’est pas du rebut. C’est de la qualité, de la créativité, de l’éthique », martèle Marie-Aude. « On sensibilise, on explique pourquoi il faut consommer autrement. »
La sensibilisation passe aussi par l’exemple.
« On essaye de «donner une 2ème vie» un maximum de vêtements. Très peu finissent à la poubelle, tout le reste est réparé, transformé ou recyclé », souligne Bernadette.
Les bénévoles partagent leurs savoir-faire, forment les nouveaux venus, créent du lien social
Des défis quotidiens, des rêves pour demain
Mais la réalité économique est là.
« On n’est pas encore rentable, on dépend des subventions. Les charges sont lourdes, et contrairement à ce qu’on croit, la seconde main n’est pas une mine d’or », confie Marie-Aude, qui se rémunère au SMIC par conviction.
La comparaison avec Vinted revient souvent :
« Eux, c’est du virtuel. Nous, on fait tout, de la collecte à la réparation, en passant par la vente et l’accompagnement. »
L’équipe ne manque pas d’idées pour l’avenir :
« On veut impliquer plus de pères, attirer les ados, créer de l’emploi local, et pourquoi pas dupliquer le modèle ailleurs », rêve la fondatrice.
L’ambition est claire : pérenniser l’activité, essaimer, transmettre l’expérience à d’autres porteurs de projets.
Une invitation à rejoindre l’association TrocModKid
Troc Mode Kids, c’est bien plus qu’une recyclerie. C’est une aventure collective, une école de la seconde main, un lieu où chacun peut s’impliquer, apprendre, transmettre.
« On invite toutes les familles à venir, à donner, à acheter, à participer. C’est ensemble que nous changerons la mode », conclut Marie-Aude, le regard tourné vers l’avenir.
Troc Mode Kids, ou comment la seconde main devient une première main pour tous.
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